Prochaine contribution dans la presse DZ - 2019 - La
formation médicale continue (FMC) est constituée d’activités
d’apprentissage qui servent à maintenir les connaissances et à
développer les habiletés des professionnels de la santé ainsi que les
rapports personnels qu’un praticien utilise pour offrir ses services de
soins de manière compétente à ses patients. En d’autres termes, la FMC
est sans aucun doute l’investissement le plus sûr qui permettra, d’une
part, d’améliorer la qualité des services de soins offerts aux patients
en particulier et à la société en générale, et d’autre part, de
rehausser le niveau des pratiques et des compétences dans toutes les
spécialités médicales.
En effet, la FMC constitue, aujourd'hui,
un volet significatif de la pratique médicale, et elle est au centre
d’un grand débat dans les milieux de santé, car il est reconnu qu’aucun
professionnel de la santé ne peut prétendre exercer son métier avec les
seuls acquis de sa formation initiale. Ceci est vrai pour toutes les
activités professionnelles, et surtout dans la profession médicale au
regard de l’évolution rapide des soins de santé, des savoirs en sciences
médicales et du développement de nouvelles techniques de soin.
Pour
un professionnel de la santé, faire des apprentissages complémentaires
durant toute sa carrière commence à peine à être ressenti comme
nécessaire, car ce siècle est caractérisé par un renouvellement rapide
des connaissances, et il est difficile pour un praticien de demeurer au
fait des dernières données scientifiques. Pour se conformer à ces
dernières, il faut mettre à jour ses connaissances et maintenir de
bonnes habiletés professionnelles d’où l’intérêt fondamental d’organiser
des FMC. En d’autres termes, cette dernière est le lieu idéal pour la
mise à jour des connaissances et des compétences pour favoriser le
transfert des apprentissages et finalement de se tenir au fait des
pratiques et techniques de soin les plus récentes. Mais hélas les rôles
des prestataires d’activités de FMC varient considérablement, car ils ne
s’engagent que rarement à fournir ou à améliorer les apprentissages de
qualité ni à offrir des activités de formations selon les normes
pédagogiques en vigueur.
En général, une FMC répond
principalement à des objectifs de perfectionnement et de développement
des habiletés professionnelles requises pour assumer une ou plusieurs
fonctions de soins. Sans prétendre avancer qu’il existe en Algérie une
grande culture de FMC, cette dernière est en plein essor grâce aux
multiples offres de formation des différentes sociétés savantes et
autres organisations notamment privées dans tous les champs
disciplinaires en sciences de la santé, mais la gestion tant académique
que pédagogique de cet important bassin de fournisseurs des offres de
formation pose de sérieux et de nombreux problèmes de reconnaissance
institutionnelle, pédagogique ainsi que de leur finalité et obligation
sociale.
Il est d’emblée important de signaler qu’aucun
programme disciplinaire de FMC, n’est reconnu directement par le
ministère de la santé ou toute autre autorité compétente. Les offres de
formation qui prétendent l’être ne le sont qu’à l’intérieur de leur
institution ou organisation d’une manière tacite ou implicite en
l’absence de toute évaluation pédagogique de la formation par un
organisme autonome et compétent dans le domaine de la conception et de
l’évaluation des programmes ou de curriculum de formation. En d’autres
termes, les fournisseurs de formations sont confrontés à la
reconnaissance institutionnelle et de l’évaluation pédagogique de leurs
programmes d’apprentissage, car il existe un vide juridique pour la
reconnaissance de ces formations au ministère de la santé, et voire même
l’absence de ressources humaines compétentes pour l’évaluation de ces
programmes de formation en FMC. Certains organismes de formation privés
se sont alors orientés vers des institutions européennes et canadiennes
pour faire reconnaitre, accréditer et faire valoir leur programme de
formation selon les normes pédagogiques en vigueur. Malgré leur
validation par des institutions fiables et crédibles, leur
reconnaissance par le ministère de la santé reste encore hypothétique.
Par
ailleurs, les organisations privées et même certaines sociétés savantes
se sont lancées en FMC à des fins lucratives sans aucun contrôle
institutionnel ni accompagnement pédagogique. De plus, ces organisations
sollicitent des experts étrangers à des fins de markéting et surtout
pour se procurer une visibilité sur le marché de la formation lorsque
leur crédibilité fait défaut, et cela sans aucune autorisation d’une
quelconque autorité de régulation. De plus, les sociétés savantes et les
organisations privées ne prêtent pas suffisamment d’attention aux
impacts et retombées positives de la FMC sur les pratiques des
professionnels de la santé et sur la qualité des services de soins
offerts à la population en particulier et de la société en général d’où
la nécessité d’instaurer un système d’agrément des organisations
prestataires d’activités de FMC à des fins de contrôle et de régulation
tant administrative que pédagogique.
Le système d’agrément des
organisations prestataires d’activités de FMC aura pour rôle de
promouvoir le développement professionnel continu (DPC) des médecins et
des professionnels de soins de santé, mais également pour favoriser la
réflexion autant individuelle que collective sur leur besoin
d’apprentissage et de leur pratique médicale. Les futurs prestataires
agréés de FMC doivent inclure les sociétés savantes, les organismes
nationaux de santé et les organisations privées. De plus, ce système
devra viser à promouvoir des formations de qualité afin de répondre aux
besoins de soins de santé de la population, et de fournir des
apprentissages de haut niveau pédagogique au service la communauté
médicale.
En d’autres termes, les organisations de formation
publiques ou privées doivent adopter des stratégies de formation pour
développer les compétences professionnelles et les performances des
médecins. Les futures normes d’agrément devront être fondées sur un
ensemble de valeurs, de principes et de conditions communs, approuvés
par une institution étatique ou privée reconnue pour ses compétences
organisationnelles, pédagogiques et dans l’évaluation des programmes de
formation en contexte de la FMC.
Par ailleurs, tous les
prestataires agréés de la FMC doivent utiliser de façon pertinente les
nouvelles données probantes sur l’efficacité des interventions de soins,
et les stratégies d’application et d’intégration des connaissances
médicales. De plus, l’unité d’éducation continue (UEC) doit contribuer à
l’avancement des soins de santé tout en participant à la recherche en
éducation médicale. En d’autres termes, toutes les organisations
prestataires d’activités FMC, sans égard à leur infrastructure ou de
leurs ressources pédagogiques, doivent s’assurer que leurs activités de
formation reposent sur l’analyse et l’évaluation pertinentes des besoins
de formation, respectent les données ou les consensus scientifiques de
qualité, et finalement évaluent les transferts des apprentissages
atteints dans divers domaines des compétences de soins. Les normes, les
critères, l’analyse des besoins, les exigences pédagogiques et
administratives, et le processus d’accréditation des organisations
seront l’assise d’un système d’agrément des prestataires de FMC
transparent, fiable et efficace au service de la profession médicale.
Pour
ce faire, il est important à ce que le ministère de la santé comble le
vide juridique pour l’instauration d’un système d’agrément, et de
reconnaitre la certification et UEC comme outils de développement des
compétences, mais aussi de promouvoir un organisme privé ou étatique
compétent pour l’évaluation pédagogique des programmes de formation. En
effet, promouvoir la culture de la FMC est à la base du développement
des compétences dans toutes les activités de soins et domaines
scientifiques. Il est également important pour le ministère de la Santé
d’encourager les organismes privés et les sociétés savantes fournisseurs
des services à concevoir des FMC de qualité selon les normes
pédagogiques en vigueur.
Finalement, on ne le rappellera jamais
assez, le bricolage et l’amateurisme dans la gestion tant administrative
que pédagogique des FMC doivent cesser pour donner la chance aux
ressources humaines compétentes de faire valoir leur savoir-faire et
savoir agir dans le domaine de la gestion de la FMC. La notion de
certification en contexte de la FMC doit être soutenue et promue comme
outil de progression de carrière et de développement des compétences
professionnelles au service de la société.