" Personne ne commence par bien enseigner. Enseigner à l'université ça s'apprend " Herbert Kohl



Pedamed est une plateforme de conseils et soutiens pédagogiques destinée aux professionnels de la santé et dédiée exclusivement à la pédagogie des sciences de la santé. Par ses apprentissages, Pedamed vise à améliorer et à développer les pratiques pédagogiques et de promouvoir par la même occasion les méthodes d'enseignement des professionnels de la santé. Pour atteindre ces objectifs, Pedamed s'appuie sur les normes pédagogiques de haut niveau. Nos offres de services sont reconnues par la SOFEDUC Canada. Nous respectons les dix normes de qualité et nous sommes autorisés à émettre des unités d'éducation continue (UEC). Un certificat et une lettre de suivi des apprentissages sont délivrés à la fin de chaque session.



" Nobody can teach well from the beginning. Teaching at the university has to be learned " Herbert Kohl

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Cours


Contributions

Plateforme de collaboration au service de la refonte des curriculums de formation

par Lord Pédagogie,

Le quotidien d'Oran -  10 Avril 2023

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Pour une plateforme de collaboration au service de la refonte des curriculums de formation en sciences de la santé.

Le curriculum de formation médicale se définit comme étant le parcours pédagogique nécessaire pour tout apprenant admis à l’intérieur d’un projet d’apprentissage en sciences de la santé dont la finalité est de fournir à la société des médecins compétents et autonomes.

À cet effet, l’approche pédagogique de la refonte curriculaire doit être déterminée et fixée au préalable ainsi que le référentiel des compétences pour espérer une mutation en faveur de l’amélioration de la formation médicale centrée sur le développement des compétences et la promotion des soins de santé de haut niveau. Il est important de signaler d’emblée que toute refonte curriculaire de formation médicale nécessite des ressources humaines expertes sur le plan disciplinaire, pédagogique et de gestion de projet de refonte.

Cette refonte doit être soutenue au sein d’un processus de planification rigoureux après une longue période de réflexion profonde et sans aucune précipitation. En d’autres termes, la refonte curriculaire nécessite la mobilisation de ressources humaines compétentes et disponibles, des ressources financières et des outils de communication et de collaboration efficaces au service de la communauté médicale. La triple expertise disciplinaire, pédagogique et de gestion de projet curriculaire est fondamentale pour espérer une projection à court et moyen terme de la refonte des curriculums de formation en sciences de la santé. De plus, il est également important de distinguer la refonte curriculaire de la refonte des programmes disciplinaires selon une approche par compétences.

En sciences de la santé, la collaboration et la communication sont indissociables et considérées comme étant des compétences transversales. Les compétences transversales sont des compétences applicables et présentes dans différents types de fonctions. Elles sont importantes d’autant plus essentielles dans un contexte de refonte curriculaire. Les compétences de collaboration et de communication peuvent se définir comme les qualités et aptitudes interpersonnelles que nous mettons en œuvre afin de résoudre un problème collectivement ou de progresser vers des objectifs communs. Elles arrivent habituellement en tête de liste des compétences dont la refonte curriculaire a le plus besoin. Comme toutes les autres compétences, il est possible de les développer à condition de mettre en valeur les buts, les objectifs et les finalités de tout projet de refonte curriculaire, mais également les moyens et les outils pour soutenir les actions suscitées.

Les problématiques de la refonte des curriculums sont multidimensionnelles au regard du nombre des facultés de médecine en Algérie, leur dispersion géographique sur le vaste territoire national, l’indisponibilité  des hospitalo-universitaire en cette période de pandémie, les coûts d’accompagnement de la refonte, mais également le manque de soutien pédagogique aux professionnels de la santé et des ressources documentaires pertinentes pour soutenir et promouvoir cette refonte sans oublier le manque des outils de collaboration et de communication efficaces. De plus, les ressources humaines de la communauté médicale et des pédagogues en dehors du territoire national ne sont ni directement exploitées, ni de faire appel à leurs compétences et expertises disciplinaires et notamment pédagogique.

C’est pour répondre à certaines de ces problématiques que l’utilisation de la plateforme de gestion de projet, de communication et de collaboration est plus que nécessaire. Il est d’emblée important de signaler que la gestion dudit projet doit être assurée par des ressources humaines compétentes en technologie éducative et en gestion de projet. Ce projet de refonte des programmes disciplinaires en sciences de la santé doit être une association de professionnels de la santé à but non lucratif dont la finalité est de rassembler la communauté médicale algérienne en Algérie et à l’étranger pour soutenir et promouvoir la refonte des programmes disciplinaires. De plus, ce projet doit être perçu comme une action citoyenne au service de la formation médicale et de la qualité des soins de santé en Algérie.

Néanmoins, le soutien institutionnel est plus que souhaitable pour espérer une mutation des pratiques pédagogiques et une pérennisation de ce projet à moyen et long terme, mais aussi de promouvoir et d’améliorer nos façons d’agir ainsi que nos stratégies de collaboration et de communication au sein de la communauté médicale en Algérie et à l’étranger. Rassembler et associer les deux communautés médicales algériennes autour de ce projet est une valeur ajoutée certaine au service de la refonte de la formation médicale et de rapprochement des ressources humaines expertes dans le domaine des sciences de la santé, mais également des ressources documentaires tant médicales que pédagogiques. Il suffit de mettre à la disposition de la communauté médicale algérienne une plateforme numérique de communication et de collaboration en ligne avec toutes les conditions de performance et de sécurité.

Le but de ce projet est d’anticiper les prochaines étapes de la refonte des programmes disciplinaires de médecine en Algérie. Les stratégies de conception ou de réingénierie des programmes disciplinaires par la collaboration interprofessionnelle du corps des sciences de la santé autant en Algérie que celle de la communauté médicale algérienne à l’étranger pourront générer des valeurs ajoutées à ce projet à travers les expertises tant disciplinaires que pédagogiques des intervenants académiques.

En effet, ce projet a également comme valeur ajoutée celle de promouvoir et de revisiter nos façons de faire et d’agir, nos stratégies de collaboration et de communication au sein de la communauté médicale algérienne nationale et à l’étranger, car rassembler, sans déplacement physique, cet important bassin d’experts en soins de santé et en pédagogie des sciences de la santé est une entreprise faisable et réalisable avec le soutien du MESRS.

Ce projet a également pour but et valeur ajoutée de soutenir et promouvoir la veille pédagogique au service des refontes des programmes disciplinaires et des curriculums de formation selon les normes en vigueur. En effet et grâce à la communauté médicale algérienne à l’étranger, cela facilite l’ouverture sur les autres milieux internationaux de l’éducation médicale afin de voir ce qui s’y fait ainsi que sur les dernières « tendances » afin de les comprendre et de les appliquer en Algérie.

 

Cette démarche de veille pédagogique a connu ces dix dernières années un saut qualitatif extraordinaire et notamment en Amérique du Nord et plus précisément au Canada d’où l’intérêt d’une collaboration avec la communauté médicale à l’étranger au sein d’une plateforme en ligne économisant ainsi tous les frais de déplacements et de réunion en présentiel interminable et d’éviter les surcoûts pour l’Algérie.

La refonte profonde des curriculums de formation médicale nécessite une transformation abyssale voire radicale de nos réflexions et pratiques pédagogiques, de communication et de collaboration pour espérer un impact et une mutation en faveur de l’amélioration de la formation médicale en général et la qualité des soins de santé en Algérie. Ces requêtes sont les conditions sine qua non pour espérer une évolution au profit du développement des compétences disciplinaires et pédagogiques chez les professionnels de la santé. Cela exige une volonté politique déjà exprimée par le ministère de l’Enseignement supérieur (MESRS) par la création de la commission de travail pour traiter du projet de refonte de la formation médicale.

L’adhésion à ce projet se fera avec la participation du ministère de l’Enseignement supérieur (MESRS) pour la communauté médicale algérienne et à l’étranger. Les porteurs du projet devront jouer un rôle de catalyseur de cette refonte sur les réseaux sociaux et la presse algérienne par la promotion des contributions à propos de ce projet.

L’adhésion se fera en ligne après création d’un compte et identification du professionnel de santé. Les personnes ressources sont les hospitalo-universitaires de chaque spécialité médicale avec un canevas précis de collaboration et de communication pour la rédaction des référentiels de compétences et des objectifs d’apprentissages. En effet et selon la disponibilité du soutien du MESRS, il est possible d’associer à cette plateforme, un module de formation pédagogique sur la rédaction des objectifs d’apprentissage et des ressources documentaires cibles et pertinentes pour promouvoir et soutenir la refonte des programmes disciplinaires selon les normes pédagogiques en vigueur.

Par ailleurs, cette contribution est un appel limpide à une plus grande participation de la communauté médicale et des ressources humaines algériennes des sciences de la santé afin de faire valoir leur savoir-faire et savoir-agir, que ce soit « au sein ou en dehors » des structures universitaires et des facultés de médecine. Finalement, c’est notre devoir et rôle de citoyen de faire entendre notre voix et celle de tout universitaire et professionnel de la santé en Algérie et à l’étranger désirant concrétiser l’idée de l’amélioration des pratiques pédagogiques en sciences de la santé, de la formation médicale et des soins de santé.


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Promouvoir et valoriser les pratiques d’enseignement clinique en milieu HU

par Lord Pédagogie,

Le quotidien d'Oran - 27 Fév 2023

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Promouvoir et valoriser les pratiques d’enseignement clinique en milieu HU

Ces dernières années, une révolution tranquille en pédagogie des sciences de la santé prend forme au sein de la communauté des hospitalo-universitaires (HU), car il existe une prise de conscience de ces derniers en faveur de l'amélioration de la formation médicale pour répondre aux besoins de la qualité des soins de santé. La communauté était beaucoup responsabilisée et sensibilisée à la prise en charge des enseignements et des apprentissages en contexte des sciences de la santé, mais le domaine de la santé possède sa propre et unique particularité : le malade ou le patient malade. En effet, le patient est la raison d’être, le centre de la pratique des soins de santé et surtout la matrice des apprentissages et des enseignements au lit du malade. L’enseignement au lit du malade est une composante fondamentale des pratiques pédagogiques en sciences de la santé connue sous le nom de supervision clinique. Cette dernière est une composante essentielle que tout professionnel de la santé doit acquérir et développer en contexte de la formation continue.

Malheureusement, lorsqu’un médecin enseignant HU n’a pas reçu une telle formation, il n’est pas préparé à superviser efficacement d’autres apprenants en sciences de la santé. En d’autres termes, l’enseignant HU a besoin de compléter des apprentissages pour devenir superviseur clinicien où il va acquérir des compétences sur les fonctions et les rôles du superviseur, pour créer un climat de confiance favorable à l’apprentissage au lit du malade, de gérer les jeux de pouvoir et les situations de conflit autant éthique que personnel, d’assurer une évaluation du stage de formation et finalement d’assurer une rétroaction efficace sur les apprenants. Cette dernière doit être au service des apprentissages et non pas un outil de contrôle ou de sanctions des apprenants.

En contexte des soins de santé, les compétences et les responsabilités de l’enseignant HU ne se limitent pas seulement au patient malade, mais aussi à l’apprenant. Cette double responsabilité rend la gestion de soins et de supervision clinique plus complexes d’où l’intérêt de la formation à cette pratique pédagogique, et qui de plus, elle n’est pas rémunérée. En d’autres termes, la responsabilité du médecin clinicien vis-à-vis du patient malade consiste à aboutir à un diagnostic médical et une prise en charge thérapeutique adéquate et ciblée. Il en est de même pour l’apprenant pour aboutir à un diagnostic pédagogique et un plan thérapeutique dit aussi de remédiation pédagogique. Ces doubles et complexes fonction se déroulent simultanément, et c’est ce que les rends encore plus complexes d’où l’intérêt de promouvoir et de valoriser la supervision clinique comme pratique pédagogique dans les futurs statuts des médecins HU.

Par ailleurs, la supervision clinique a été reconnue comme une compétence profes­sionnelle et un élément important de l’efficacité des systèmes de santé. Il faut former les superviseurs de sorte qu'ils puissent non seulement répondre aux besoins du patient, mais également soutenir le développement du raisonnement clinique de leurs étudiants. Considérant le temps consacré à la supervision dans le contexte clinique, il est dès lors déterminant que les cliniciens superviseurs connaissent les processus de raisonnement clinique qui sont au cœur de leur pratique et puissent non seulement les expliciter, mais également les faire expliciter et justifier par leurs étudiants en formation.

La communauté scientifique reconnaît actuellement l'importance de développer ses compétences pédagogiques dans une perspective de développement professionnel continu (DPC), admettant désormais qu'il ne suffit plus d'être un bon clinicien pour être de fait un bon enseignant HU. De plus, la supervision clinique comporte une dimension pédagogique qui favorise le transfert des connaissances, des habiletés et des attitudes des apprenants. Hélas, la réalité en ce qui a trait à la supervision clinique des apprenants au sein de nos services cliniques est toute autre et qui s’est aggravé durant la période de la Covid-19. De plus, la qualité de la prise en charge pédagogique et plus particulièrement de la supervision clinique des apprenants laisse à désirer au sein de chaque service des soins de santé. Pour ce faire, le médecin HU doit être soutenu par des formations au raisonnement clinique comme outil de remédiation et de soutien à la supervision clinique au lit du patient malade.

Le raisonnement clinique est le processus de pensée et de prise de décision qui permettent au médecin clinicien de prendre les actions les plus appropriées dans un contexte spécifique de résolution de problème de santé. En d’autres termes, ces processus de pensée et de prise de décision sont au cœur de l’exercice professionnel et ils constituent un phénomène hautement complexe. À cet effet, devenir superviseur en sciences de la santé n’est pas une tâche aussi facile qu’on le prétend, mais une activité pédagogique spécifique et encore plus complexe. De plus, la société attend souvent des médecins cliniciens HU qu'ils accordent une très grande importance à la qualité des soins de santé et aux apprentissages lors de la supervision clinique. Pour ce faire, il est primordial de les doter d'une expertise à la fois médicale et pédagogique de raisonnement et de supervision clinique.

Par ailleurs, la vocation principale d’un responsable ou chef de service formateur doit s'articuler autour de la supervision clinique d'un point de vue pédagogique par un enseignement de qualité au lit du patient malade et assurer par un médecin clinicien expert, compétent et formé pédagogiquement parlant. En d'autres termes, l'apprenant doit être au cœur de la préoccupation du responsable ou chef de service formateur et du médecin clinicien d'autant qu’ils sont responsables de l'ensemble de son cheminement pédagogique et pour toute la durée du stage clinique. De plus, les services de formation cliniques avec la participation des médecins HU sont des institutions dédiées prioritairement à l'apprentissage dans un contexte de supervision clinique au lit du malade. En outre, elles participent au développement de l'expertise médicale, à des activités d’enseignement et de supervision clinique dont le but ultime est de développer l'autonomie des futurs médecins cliniciens pour les besoins du réseau de soins et de formation en Algérie.

L'intérêt particulier porté à la compétence dans le domaine de la supervision clinique du formateur est à la base de la qualité de la formation médicale et des soins de santé. À cet égard, les programmes de formation actuels n'obéissent pas aux normes pédagogiques en vigueur. Il est important de promouvoir respectivement une double refondation des curriculums de formation et des programmes disciplinaires selon une approche par compétence, et non pas une simple réforme pour améliorer les objectifs d’apprentissage de chaque discipline médicale. De plus, les médecins HU ne sont pas informés ni formés aux approches et aux stratégies pédagogiques ni aux méthodes de supervision et de raisonnement clinique pour qu’ils puissent les utiliser à des fins d’enseignement au lit du patient malade.

Dans ce contexte, les rôles des doyens des facultés de médecine sont primordiaux, car il est admis que les stratégies les plus efficaces pour améliorer la formation médicale sont principalement leurs contributions pédagogiques aux services des médecins superviseurs et des apprenants. Pour ce faire, chaque doyen devrait être doté des compétences nécessaires pour assurer les fonctions de leadership et de promoteur de la pédagogie, mais les rôles pédagogiques des doyens sont nombreux, complexes et multidimensionnels. Hélas, le soutien et l’accompagnement pédagogique aux doyens font défaut par le manque de ressources expertes en pédagogie des sciences de la santé. 

De plus, le doyen ne dispose pas de suffisamment de ressources humaines pour se permettre de bien gérer et mobiliser les potentialités et les compétences pour promouvoir la pédagogie des sciences de la santé au sein de sa faculté de médecine. En effet, le doyen est souvent confronté à gérer des difficultés d’ordre administratif où les problèmes d’ordre pédagogique sont mis au second plan. Pour ce faire, il est impératif de revoir et renforcer le statut de la conférence des doyens afin de leur fournir plus d’outils, plus de moyens et plus de ressources humaines et pédagogiques pour leur permettre d’agir convenablement dans leur champ de compétence pédagogique.

Pour soutenir et promouvoir le raisonnement et la supervision clinique, les concours HU sont des étapes importantes à considérer. En effet, l’épreuve pratique dite de résolution de problème est une épreuve centrée sur le processus de raisonnement clinique (RC). Cette dernière est au cœur de la pratique médicale des professionnels de la santé, car il ne suffit pas de résoudre le cas clinique, mais de démontrer ses habiletés de RC pour synthétiser puis d’exploiter les informations obtenues pour prendre des décisions diagnostiques, d’investigation et thérapeutiques. Le jury devrait évaluer le candidat sur cette compétence essentielle : le processus du raisonnement clinique. Le cas clinique pourrait être une rédaction écrite ou orale sous forme d'une simulation malade, mais il doit respecter les normes du processus de RC, être réaliste et suffisamment riche en données pour inciter et promouvoir le RC.

Finalement, les textes statuaires des médecins HU ne décrivent que les fonctions et les tâches pédagogiques de façon générique sans plus de précision et centré surtout sur les activités globales d’enseignement. À cet effet, il faut revisiter, réformer ou refonder les statuts des médecins HU. De plus, la notion de certification en pédagogie médicale en contexte de la formation continue ainsi que les concepts de l’épreuve pédagogique d’enseignement et de l’épreuve pratique de raisonnement clinque au concours HU devraient être maintenus, soutenus et promus comme outil de sensibilisation, de conscientisation, de sélection et de promotion bien avant l'organisation de tout concours de recrutement des futurs enseignants HU.


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Pour la parité entre la pédagogie d’enseignement & la recherche scientifique

par Lord Pédagogie,

Le quotidien d'Oran - 19 Fév 2023

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Pour la parité entre les activités pédagogiques d’enseignement et de recherche scientifique en milieu universitaire

J’ai suivi avec une attention particulière les interventions des hautes autorités du pays à ce qui a trait à la réforme universitaire et notamment l’intervention du président de la République à propos de l’importance de la pédagogie d’enseignement comme préoccupation fondamentale de ladite réforme. Ces propos ont stimulé mes réflexions sur les perspectives et projections futuristes de l’université algérienne dans le domaine de la recherche scientifique, les réformes des curriculums LMD et les réformes des programmes disciplinaires, la valorisation des enseignements, la réforme des concours hospitalo-universitaires, la réforme des programmes des sciences de la santé ainsi que le déploiement des compétences professionnelles au service de la société. En effet, ces projets de réforme universitaire cadrent bien avec les missions et les valeurs de toute université afin de fournir à la société des professionnels compétents et autonomes, mais aussi de créer des passerelles entre les établissements d’enseignement supérieur et leur environnement socioéconomique pour mobiliser le potentiel, les compétences et l’expertise scientifique pour soutenir le développement humain et durable de la société.

Cet article est un récapitulatif et une synthèse de mes nombreuses contributions dans la presse algérienne depuis une douzaine d’années à des fins de réflexions pour promouvoir la prise de décision politique et pédagogique au service de la communauté et de la réforme de l’université algérienne. Pour ce faire, c'est mon devoir et mon rôle de citoyen de faire entendre ma voix et celle de tout universitaire désirant concrétiser l'idée de l'amélioration de l'acte d'enseigner et des pratiques pédagogiques en contexte de l'enseignement supérieur.

Il est important de se questionner d’emblée sur la réforme universitaire. L'université algérienne est-elle vraiment aussi centrée sur la recherche qu'on le prétend ? Est-elle autant réfractaire au changement et à l'innovation pédagogique ? Et pourtant, la pédagogie représente le facteur essentiel à même de créer les conditions nécessaires à l'émergence d'une culture pédagogique en milieu universitaire, mais aussi au fondement d'une société plus dynamique et prospère sur le plan socioéconomique. Pour ce faire, les stratégies pour promouvoir et valoriser l’acte d’enseigner en milieu universitaire sont nombreuses, et espérant que les hautes autorités du pays manifestent un écho favorable et qu'elles soient sensibles aux enjeux de la mutation de l'université dans le domaine de la pédagogie d’enseignement.

Il est également important de signaler que l'enseignement constitue la mission première de toute université, et cela devrait être plus que jamais au cœur des préoccupations des responsables universitaires d’autant que les problématiques de l’université algérienne sont multidimensionnelles comme dans la plupart des universités du monde. Mais pour faire de nos universités des lieux d'apprentissage crédibles et innovants au service de la société, un fondamental est souvent oublié : la pédagogie. Or, c'est par la pédagogie que fonctionne l'université en tant qu'instance de construction des savoirs. En effet, la pédagogie d’enseignement est à la base de l'amélioration des formations universitaires centrées sur les apprenants et les apprentissages d'autant qu'il existe une relation significative entre la qualité de l'enseignement dispensé et l'apprentissage en profondeur réalisé visant à fournir à la société des professionnels compétents. De plus, enseigner en milieu universitaire n'est pas aussi simple qu'on le prétend, car c’est une pratique pédagogique beaucoup plus complexe.

Pour ce faire, chaque université doit être soumise socialement à une obligation de satisfaire les besoins pédagogiques de ses apprenants et de faire connaitre ses compétences et son professionnalisme par la manifestation de son savoir-faire en pédagogie universitaire. En d'autres termes, il est de la responsabilité de chaque université et faculté de se procurer une visibilité académique par l'affirmation de la qualité de ses pratiques pédagogiques et par son engagement social à promouvoir les compétences professionnelles dans un contexte défavorable où cohabitent deux systèmes de formation antagoniste :  classique et LMD (Licence — Master — Doctorat).  À vrai dire, même si le modèle du curriculum de formation importe, ce sont les pratiques pédagogiques innovantes qui permettent véritablement le développement de l’expertise disciplinaire et la mobilisation des compétences au service de la société en général et pour soutenir les besoins socioéconomiques du pays en particulier.

De plus, enseigner à l'université est un métier qui évolue, et pourtant, que font les responsables universitaires pour préparer les enseignants à l'exercice de cette mission première ? L'université moderne établit sa notoriété et sa visibilité régionale et internationale, entre autres, par les compétences des enseignants en pédagogie universitaire, et par son professionnalisme en termes de formation centrée sur les apprenants et les apprentissages. En d’autres termes, toute université est assignable socialement à l'obligation de répondre aux besoins pédagogiques de ses apprenants en collaboration avec les partenaires de son environnement socioprofessionnel.  Pour ce faire, chaque université est responsable de l'ensemble du cheminement pédagogique et curriculaire des apprenants qui lui sont confiés par la société pour toute la durée du cursus de formation.

Par ailleurs, il existe depuis longtemps un débat entre la place de l'enseignement et celle de la recherche dans la progression de carrière des enseignants universitaires. À cet effet, de très nombreux universitaires attestent que l'enseignement n'est pas valorisé, voire presque dévalorisé dans leur université, leur faculté, leur département et leur programme de formation. De plus, ils confirment que ce sont plutôt les activités de recherche scientifique qui reçoivent la plus grande part de l'attention, de l'encouragement et de la valorisation, et qui ont les conséquences les plus positives sur la progression de carrière de l'enseignant universitaire. De plus, les activités de recherche scientifique ont les impacts les plus positifs sur la carrière professorale.

Il est certain que pour encourager les universitaires à s'engager entièrement en enseignement, les hautes autorités doivent assumer une responsabilité pédagogique fondamentale : soutenir clairement les activités d'enseignement, reconnaître au grand jour leurs réalisations et travaux et de les féliciter en célébrant avec eux les succès obtenus ou les défis surmontés dans leur pratique d’enseignement. Par ailleurs, la plupart des enseignants sont motivés afin de procurer des apprentissages de qualité à leurs étudiants, mais ils n'utilisent pas les bonnes méthodes et ressources pour y parvenir. Le premier constat est l'absence de formation à la pédagogie universitaire pour améliorer leur processus d'enseignement au regard de l'évolution rapide des connaissances dans le domaine de l'éducation.

De plus, les propos des hauts responsables universitaires sont perçus comme si on avait des soupçons que le soutien à l'enseignement est traduit comme un manquement à la vocation de recherche de l'université. Lorsque les hautes directions universitaires s'adressent aux enseignants du supérieur, il est très rare qu'elles invoquent les réalisations en enseignement et les accompagnements qu'elles désirent mettre en place dans ce domaine. De plus, elles citent rarement les réalisations des universitaires en enseignement. En effet, l'analyse du discours des responsables d'université et des hautes autorités montre que l'évocation du terme enseignement est relativement rare. Faut-il en déduire que l'enseignement n'a pas d'importance aux yeux de nos responsables universitaires ? Le manque d’initiative dans le domaine de la pédagogie universitaire a poussé les hautes autorités du pays à promouvoir la réforme du système universitaire tout en considérant la pédagogie comme matrice de toute refondation ou réforme du système universitaire.

En publiant l'arrêté 932 du 28 aout 2016, le MESRS a pris acte et conscience que l'accompagnement pédagogique et la formation à la pratique de l'enseignement sont à la base de l'amélioration qualitative des formations universitaires. En d'autres termes, c'est la condition sine qua non pour espérer une mutation de l'université en faveur des enseignements de qualité dans les établissements du supérieur. Mais le soutien pédagogique offert dans les établissements universitaires algériens est très insuffisant, car dans la plupart des établissements, les services de soutien et de formation à la pédagogie de l’enseignement ne sont pas ancrés ni dans la culture universitaire ni dans sa structure organisationnelle.

Par ailleurs, encourager un universitaire à réfléchir sur ses pratiques pédagogiques constitue un signal fort de valorisation de l'acte d'enseigner et des pratiques pédagogiques en milieu universitaire. En d'autres termes, cela constitue un geste concret de la part du MESRS et de son engagement certain en faveur de l'amélioration des enseignements. Cela constitue également un geste tangible que l'acte d'enseigner et l'enseignement occupent des places importantes parmi les autres missions de l’université. De plus, il faut également mettre à la disposition des enseignants les outils pédagogiques et les ressources humaines compétentes nécessaires pour se développer et pour atteindre les buts de formation à court et à moyen terme, comme le financement de projets d'innovation pédagogique, une offre de formation et d'accompagnement pédagogique, une plateforme de collaboration entre les enseignants pour partager leur expérience et pratique pédagogique. De plus, il faut proposer un soutien clair pour la valorisation et la diffusion des résultats des projets pédagogiques des enseignants comme une présentation dans un colloque de pédagogie ou des événements internes de partage d'expérience en enseignement.

Plus importants encore, une réforme majeure des textes et des arrêtés ministériels régissant tous les concours de recrutement des futurs enseignants universitaires et hospitalo-universitaires seraient plus que nécessaires pour s'adapter à l'évolution de la réalité professionnelle et pédagogique des pratiques d'enseignement universel. De plus, la notion de certification en pédagogie et le concept de l'épreuve pédagogique d’enseignement devraient être soutenus et promus comme outil de sensibilisation, de conscientisation, de sélection et de promotion bien avant l'organisation de tout concours de recrutement des futurs enseignants universitaires, et cela à tous les paliers de l'enseignement supérieur.

Finalement et pour que l'enseignement soit valorisé, les hautes autorités du pays et les responsables universitaires doivent lui donner une grande visibilité, faire des propositions et prendre des actions concrètes qui motivent les enseignants, appuient les universitaires et couronnent les réalisations et les travaux louables en pédagogie de l’enseignement. C'est la condition sine qua non et elle exige une certaine volonté politique et pédagogique. De plus, on ne le rappellera jamais assez que le bricolage et l’amateurisme dans la gestion de la pédagogie d’enseignement doivent cesser pour donner la chance aux ressources humaines compétentes de faire valoir leur savoir-faire et savoir agir dans le domaine de la pédagogie universitaire et de la pédagogie des sciences de la santé.

En conclusion et pour promouvoir la pédagogie de l’enseignement, les hautes autorités du pays pourraient proposer de nouveaux modèles pour reconnaître et récompenser les enseignants universitaires sur les deux volets : recherche et enseignement. Ce modèle peut prendre appui sur une parité claire et transparente entre le dossier enseignement et le dossier recherche.

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