Le diplôme d'études médicales
spécialisé en sciences de la santé (DEMS) est la finalité de la
formation en résidence de médecine dite aussi formation médicale
postdoctorale dont les apprentissages en milieu hospitalo-universitaire
ont pour mission l'acquisition des connaissances, mais surtout le
développement des compétences pour répondre aux besoins de la société en
termes des soins de santé de haut niveau. C'est au cours de leur cursus
d'apprentissage que les médecins résidents acquièrent une autonomie qui
leur permet d'assurer des soins de première et de deuxième ligne
partout en Algérie. En d'autres termes, l'obtention du DEMS autorise le
médecin résident comme futur praticien à exercer la médecine sans
supervision, entamant ainsi, une carrière professionnelle ponctuée par
des perfectionnements ou des développements professionnels continus
(DPC).
Hélas, il y' a matière à réflexion
profonde sur la formation médicale des apprenants en sciences de la
santé en général et des médecins résidents en particulier concernant la
qualité des pratiques pédagogiques et plus précisément des
enseignements, des apprentissages et de l'évaluation docimologique de
ces derniers. L'enseignement en contexte des sciences de la santé est à
la base de l'amélioration des formations médicales centrées sur les
apprenants et les apprentissages d'autant qu'il existe une relation
significative entre la qualité de l'enseignement dispensé et
l'apprentissage en profondeur réalisé, et par voie de conséquence sur la
qualité des prestations des soins de santé.
Cette conception
nous renvoie directement aux responsabilités pédagogiques des
enseignants hospitalo-universitaires tous « grades confondus », comme
acteurs principaux et promoteurs de la qualité des enseignements et des
apprentissages en sciences de la santé. En dépit du fait que leurs
responsabilités éthique et déontologique soient engagées à assurer des
pratiques pédagogiques selon les normes modernes des sciences de
l'éducation, hélas l'absence de formation en pédagogie médicale,
l'environnement facultaire et la charge des activités de soins en milieu
hospitalier ne leur sont pas favorables. De plus, l'absence de
reconnaissance institutionnelle de l'investissement en enseignement est
une barrière majeure à l'implication et à l'engagement des enseignants
hospitalo-universitaire.
Les problématiques de la formation médicale
des médecins résidents sont multidimensionnelles, curriculaires,
socio-économiques et surtout pédagogiques, mais restons centrés sur
cette dernière. En effet, pour l'amélioration de la formation médicale,
deux éléments sont souvent négligés : la qualité des enseignements et
des apprentissages en milieu de santé. Or, c'est par ces derniers que
les professionnels de la santé transmettent et construisent des savoirs à
des fins de développement des compétences et de l'autonomie des
médecins résidents.
Le résident de médecine n'est pas au cœur
de la préoccupation pédagogique de sa faculté de médecine, car cette
dernière n'est pas soumise à l'obligation sociale de répondre à ses
besoins d'apprentissage et d'enseignement. Et pourtant, toute faculté de
médecine est redevable socialement de la nécessité de répondre aux
besoins pédagogiques des médecins résidents en collaboration avec les
milieux hospitalo-universitaires. En d'autres termes, la faculté de
médecine est une institution dédiée prioritairement à l'apprentissage et
à l'enseignement dont la finalité est de fournir à la population des
soins de santé de qualité.
Mais, on attend souvent des médecins
résidents qu'ils procurent une grande priorité à leur apprentissage afin
d'offrir des soins de santé de qualité. Pour ce faire, la quintessence
médicale et pédagogique des enseignants hospitalo-universitaires est
plus que primordiale, car l'expertise pédagogique est un bon indicateur
de la qualité des apprentissages des médecins résidents, mais également
des prestations des soins de santé. Hélas, les enseignements sont
relégués à d'autres acteurs de la santé dont le but légitime est
l'obtention d'attestation d'enseignement en vue du concours de maîtrise.
Ces attestations ne renseignent en rien sur l'acquisition d'habiletés à
enseigner ni sur la qualité pédagogique des enseignements ni celle des
apprentissages. De plus, l'attestation de prestation d'enseignement est
sans valeur ni académique ni pédagogique. Il serait d'une portée éthique
d'exiger de tout médecin, qui désire enseigner, une certification en
pédagogie pour s'assurer de l'acquisition des habiletés d'enseignement.
Par
ailleurs, la nature obsolète du curriculum de formation médicale est à
l'origine de la médiocrité des pratiques pédagogiques en milieu
hospitalier dont se plaignent les résidents. En effet, ces derniers ne
sont informés ni des méthodes d'enseignement ni des activités
pédagogiques pour favoriser des apprentissages en profondeur et non plus
de l'évaluation de ces derniers. Pour ce faire, une réforme profonde du
curriculum de formation et notamment des pratiques pédagogiques est
nécessaire, car la qualité de l'expertise pédagogique des formateurs
hospitalo-universitaires est primordiale pour espérer une mutation en
faveur de l'amélioration des apprentissages et des enseignements en
milieu de santé.
Pour l'amélioration de la formation médicale, les
enseignements et les apprentissages en milieu des soins de santé doivent
être assurés par des médecins hospitalo-universitaires dotés d'une
double expertise tant disciplinaire que pédagogique. Or, les deux
activités pédagogiques suscitées ne sont pas valorisées au sein de la
culture facultaire. De plus, Il est vrai que les enseignants
hospitalo-universitaires sont parmi les professionnels de la santé qui
n'ont pas bénéficié d'apprentissage aux pratiques pédagogiques durant
leur cursus de formation. L'apprentissage à ces pratiques pédagogiques
doit répondre principalement à des objectifs de perfectionnement
professionnel et de développement des habiletés d'enseignement.
Il
est reconnu qu'enseigner en sciences de la santé n'est pas aussi simple
qu'on le prétend, car l'enseignement de la médecine est une activité
beaucoup plus complexe d'autant que la formation en pédagogie fait
grandement défaut, car la formation médicale ne doit plus être une
activité de transmission des connaissances par le biais d'exposés
magistraux unidirectionnels. L'acte d'enseigner en sciences de la santé
est souvent peu planifié, voire improvisé, basé sur la diffusion
quantitative des connaissances, et fait souvent appel au bon sens et à
l'intuition pour enseigner. Mais, la plupart des
hospitalo-universitaires sont motivés à procurer des pratiques
enseignantes et des apprentissages de qualité à leurs apprenants. Hélas,
ils n'exploitent pas les bonnes méthodes et stratégies pédagogiques
pour y parvenir.
Il est possible de traiter en amont les
problématiques des enseignements lors du recrutement des
hospitalo-universitaires en exigeant au préalable une certification en
pédagogie médicale, car cette dernière servira comme outil de sélection,
de promotion et de titularisation. Cette solution est rédemptrice et
éminemment pédagogique, et aura pour effet la valorisation de l'acte
d'enseigner au sein de l'environnement facultaire, et permet de
sensibiliser et de conscientiser les hospitalo-universitaires à la
nécessité de s'interroger sur leur pratique pédagogique et leur
enseignement en contexte des sciences de la santé. On ne le répètera
jamais assez que se former en pédagogie médicale pour enseigner
représenterait une dimension éthique et déontologique, car l'enseignant
hospitalo-universitaire est amené à animer des études de cas, à
superviser les résidents, encadrer des apprenants et des projets
d'équipe. Ces activités et pratiques pédagogiques ont un impact
fondamental sur la qualité des apprentissages des médecins résidents, et
donc sur les soins de santé.
Par ailleurs, pour la faculté de
médecine d'aujourd'hui, encourager les futurs formateurs et les
hospitalo-universitaires à se former en pédagogie médicale constitue un
signal fort de valorisation de l'enseignement médicale. En d'autres
termes, recommander la formation à la pédagogie médicale constitue un
geste concret de la part du ministère de l'enseignement supérieur
(MESRS) et de son engagement certain en faveur de l'amélioration des
enseignements en sciences de la santé. Cela constitue également un geste
tangible que l'acte d'enseigner en sciences de la santé occupe une
place importante parmi les autres missions de la faculté de médecine.
Cela
signifie également encourager le développement des compétences et des
habiletés d'enseignement en mettant à la disposition des formateurs en
sciences de la santé les moyens de se former et de se perfectionner en
pédagogie médicale, ainsi qu'un programme d'accompagnement pédagogique.
En d'autres termes, l'intégration de cette formation ou de la
certification en pédagogie médicale au processus de recrutement et de
sélection des futurs candidats hospitalo-universitaires paraît
essentielle pour s'assurer de l'acquisition des habiletés
d'enseignement, mais aussi de l'appropriation des concepts et principes
de bases en pédagogie universitaire appliqués en sciences de la santé.