Il est admis que les stratégies les plus efficaces pour améliorer
la formation médicale sont principalement les contributions pédagogiques des
doyens des facultés de médecine. À cet effet, parmi les bâtisseurs des facultés
de médecine, chaque doyen devrait marquer l’histoire de son passage au sein de
la communauté des sciences de la santé, et l’ensemble de ses réalisations
devrait promouvoir la faculté de médecine comme étant une institution
d’avant-garde où l’enseignement et la recherche scientifique visent
l’excellence, l’avancement du savoir médical et l’amélioration de la qualité des
soins de santé. Pour ce faire, chaque doyen devrait être doté des compétences
nécessaires et utiles à la gestion des ressources de la faculté médecine. Parmi
ces compétences, on retrouve le leadership et le rôle pédagogique à promouvoir
chez le professionnel de la santé bien avant la prise de fonction comme doyen
de la faculté de médecine.
Le leadership fait la référence à la capacité ou à la compétence
de manager du doyen à mener ou gérer une équipe ou une institution facultaire
dans le but d’atteindre des objectifs pédagogiques et administratifs. À cet
effet, le rôle du doyen, comme leader, consiste à guider, à influencer et à inspirer
la communauté des sciences de la santé. En d’autres termes, la personnalité du
doyen leader s’impose sans s’imposer, mais si le leadership dans le passé était
associé intimement à la personnalité du doyen et particulièrement à son
charisme, beaucoup d'études récentes suggèrent une capacité acquise en lien
avec les expériences et les contextes du travail professionnel. Parmi les capacités que l'on retrouve chez les
doyens des facultés de médecine, on peut mentionner : la vision futuriste de la
faculté de médecine, la gestion administrative et des ressources, la
communication et l’Intelligence informationnelle, la confiance et l'éthique.
Par ailleurs, les rôles pédagogiques des doyens sont nombreux,
complexes et multidimensionnels. En effet, pour réaliser et concrétiser sa
mission pédagogique et contribuer à la santé de la population par la qualité de
l’enseignement médical et de la recherche scientifique, le doyen doit compter
sur l’engagement et la collaboration d’une équipe compétente et dévouée qui participe
activement au développement pédagogique de la faculté de médecine. Le doyen et
son équipe devraient faire reconnaitre le rôle social de la faculté de médecine
et leur professionnalisme en termes de qualité de la formation médicale centrée
sur les apprenants et les apprentissages. Pour autant, le doyen et son équipe
d'aujourd'hui sont dans l'obligation déontologique et éthique de se doter d'un
savoir-faire en pédagogie. En d'autres termes, le doyen et son équipe sont
redevables socialement à la nécessité de répondre aux besoins pédagogiques des
apprenants en collaboration interprofessionnelle avec les intervenants du
milieu hospitalier. De plus, le doyen a pour rôle de développer la
collaboration et l’intelligence collective pour promouvoir le rôle social de la
faculté de médecine.
Hélas, le soutien et l’accompagnement pédagogique aux doyens font
défaut par le manque de ressources expertes en pédagogie des sciences de la
santé. En d’autres termes, chaque doyen
doit s'outiller d'un savoir-faire et de ressources pédagogiques pour la valorisation
des pratiques pédagogiques. De plus, le doyen ne dispose pas de suffisamment de
ressources humaines pour se permettre de bien gérer et mobiliser les
potentialités et les compétences pour promouvoir la gestion administrative. En
effet, le doyen est souvent confronté à gérer des difficultés d’ordre
administratif où les problèmes d’ordre pédagogique sont mis au second plan. Pour
ce faire, il est impératif de revoir le statut de la conférence des doyens afin
de leur fournir plus d’outils, plus de moyens et plus de ressources humaines et
pédagogiques pour leur permettre d’agir convenablement dans leur champ de
compétence : le management des ressources et des refondations
pédagogiques. À cet effet, il est nécessaire de
renforcer le statut de la Conférence des doyens des facultés de médecine
en Algérie.
Présentement, l’occasion de promouvoir le leadership et le rôle
pédagogique des doyens des facultés de médecine en Algérie sont le corollaire
de la création des commissions de travail par le MESRS dont celle de la
refondation des curriculums de formation médicale et des concours
hospitalo-universitaires. En d’autres termes, il est du rôle de chaque doyen de
promouvoir et proposer des innovations pédagogiques et docimologiques au sein
de ces commissions pour donner du sens et de la signification aux rôles
suscités des doyens. Par ailleurs, la réhabilitation des pratiques pédagogiques
est fondamentale pour espérer une mutation en faveur de l’innovation au service
de la refondation des curriculums de formation médicale et des concours HU. En
effet, la refondation signifie le fait de fonder un contenu donné sur de
nouvelles bases pédagogiques innovantes. De plus, il est important de
mentionner l’intérêt de la double veille pédagogique et docimologique. Cette
dernière consiste à l’ouverture des doyens sur les autres milieux de
l’éducation médicale afin de voir ce qui s’y fait ainsi que sur les dernières «
tendances » afin de les intégrer et les adapter à la réalité de l’environnement
socioculturel de la faculté de médecine.
Dans un passé
récent, la
conférence des doyens avait déjà contribué à l'effort pédagogique et
introspectif profond pour la réforme des curriculums de formation des sciences
de la santé et surtout des concours HU. En effet, leur proposition
d’amélioration de ces outils englobe plusieurs innovations pédagogiques au
service de la qualité des enseignements en particulier et de la formation
médicale en général. De plus, la démarche de la conférence des doyens se veut
pédagogique et réflexive dans le but ultime de promouvoir l’impact des réformes
sur la qualité de la formation médicale et sur les soins de santé.
À cet effet, la première innovation de la
conférence des doyens consistait en l’instauration des titres ou certifications
à la pédagogie médicale qui reflèteraient les compétences et les habiletés que
devraient justifier les futurs candidats aux concours HU comme les compétences pédagogiques pour l’enseignement médical et en
communication orale et écrite. Ces titres ou certifications pédagogiques
s'acquièrent par des apprentissages en contexte de la formation continue, et
répondent principalement à des objectifs de perfectionnement professionnel et
de développement des habiletés et compétences pédagogiques nécessaires pour
compléter la fonction hospitalo-universitaire. La deuxième innovation de la
conférence des doyens est la valorisation de l’épreuve pédagogique par une
pondération conséquente, car elle représente la matrice et le fondement des concours
hospitalo-universitaires (HU) où les membres du jury accorderaient plus de
chance au candidat de s'exprimer sur ses pratiques et processus pédagogiques
d'enseignement et de communication au lieu de le soumettre à des situations de
désintéressement.
Comme valeur ajoutée aux innovations de la
conférence des doyens, il faudrait d'emblée considérer les retombées de la
sensibilisation et la conscientisation des candidats aux titres ou
certifications en pédagogie, mais également de rétablir pour les concours HU
l’équilibre entre le dossier académique et le dossier pédagogique en faveur de
ce dernier. De plus, il est intéressant et fort probable de noter que la
majorité des candidats « tous grades confondus » observent des changements de
leurs conceptions des apprentissages et des enseignements en sciences de la
santé. À cet effet, il est souhaitable que ces changements aillent de pair avec
l’amélioration des pratiques pédagogiques en milieu hospitalo-universitaire où
la réalité de l’environnement socioculturel motivera certainement les candidats
à la nécessité de compléter des apprentissages à la pédagogie médicale en
contexte de la formation continue. Présentement,
d’autres innovations et propositions pédagogiques pourraient être proposées au
ministère de l’enseignement supérieur (MESRS), à la conférence des doyens et au
panel d’expert de la commission des concours HU, tel que la refondation des
trois épreuves des concours HU : pédagogique, pratique et d’anglais. Lors de la conception du barème de ces trois
épreuves, le panel d’expert pourrait focaliser toute son attention beaucoup
plus sur les processus pédagogiques selon les normes en vigueur que sur le
contenu disciplinaire.
Par leurs leaderships et leurs rôles
pédagogiques, les doyens des facultés de médecine pourraient proposer des
innovations pédagogiques lors de
la refondation des curriculums de formation
médicale, des programmes disciplinaires et
des trois épreuves des concours HU. En d’autres
termes, ces innovations pédagogiques seront des résolutions hautement
salvatrices avec un impact incontestable sur l’amélioration des pratiques pédagogiques
en contexte des sciences de la santé et sur la qualité de la formation médicale
en Algérie. À cet effet, il est important de signaler que « les trois épreuves
sont les composantes les plus discriminantes des concours HU ». Ainsi, ces refondations s’
assureraient de la promotion et de la
sensibilisation des futurs candidats aux concours HU à la dimension pédagogique
comme critère d'admission, de nomination et de titularisation. En d’autres
termes, par leur impact et effet discriminant, les trois principales épreuves
des concours HU et la certification périodique en pédagogie médicale devraient
être soutenues et promues comme outil de conscientisation, de sélection et de
promotion à la carrière HU des professionnels de la santé.