Publié dans Elwatan le 06-09-2020
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Les concours hospitalo-universitaires ont pour but la sélection et le
recrutement de
futurs professionnels de la santé capables de répondre aux besoins des facultés de médecine dans les domaines de la pédagogie à des fins d’enseignement et de supervision des apprenants, dans le
domaine de la recherche médicale et dans la gestion des soins de
santé en milieu hospitalier. Ces
concours sont une étape importante et souvent considérée
comme un moment notable
où une décision
capitale devrait être prise par les membres du
jury pour promouvoir tout un projet de carrière d’un professionnel de la santé. Ces concours sont organisés par le ministère de l’Enseignement supérieur en collaboration avec le ministère de la Santé par le biais d’arrêtés interministériels.
Ces concours sont
basés sur des grilles de notation et des barèmes d’évaluation des différentes compétences et habiletés professionnelles des candidats
pour s’engager dans une carrière hospitalo-universitaire. Hélas, depuis leur promulgation, ces outils d’évaluation n’ont pas connu de grandes modifications ni de véritables améliorations ou adaptation au regard de l’évolution des données
démographiques et des besoins sociétaux en matière de soins. Pour ce faire, les stratégies les plus efficaces pour améliorer les concours
hospitalo-universitaires sont particulièrement les contributions de la conférence des doyens visant à réviser
les
normes de recrutement des futurs enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires,
car les critères d’évaluation fondamentaux pour
promouvoir la qualité des
enseignements et des soins de santé de haut niveau sont principalement la double expertise pédagogique
et disciplinaire ou médicale des candidats.
La conférence des doyens a déjà
contribué à l'effort pédagogique
et introspectif profond pour
effectuer la révision et la conception des instruments docimologiques d’évaluation des concours hospitalo-universitaires.
La proposition d’amélioration
de ces outils englobe plusieurs innovations pédagogiques au
service de la qualité des enseignements en particulier et de la formation médicale en général. De plus, la démarche de la conférence des doyens se veut pédagogique
et réflexive dont le but ultime
est
d’améliorer l’impact de la réforme des concours hospitalo-universitaires sur la qualité des soins de santé
au service de la société.
Hélas, ce
projet de refonte
des concours hospitalo-universitaires a été abandonné pour des considérations
contextuelles, par la
méconnaissance de ses implications pédagogiques importantes par la communauté médicale
ainsi
que par une certaine résistance au changement de certains responsables hospitalo-universitaires, mais
également par l’absence d’écho de la tutelle en sa faveur
pour espérer et anticiper une mutation au
bénéfice des soins de santé de qualité et de l’amélioration de la formation médicale. De plus, c’est la condition sine qua
non pour instaurer la crédibilité et la fiabilité de ces concours, et cela nécessite
impérativement une volonté
d’adaptation aux normes par tous les partenaires des sciences de la santé.
Cette contribution
ne prétend pas fournir toutes les solutions,
mais des pistes de réflexion fructueuses
ayant pour finalité l’amélioration des outils d’évaluation des concours hospitalo-universitaires, de l’épreuve
pédagogique ainsi que les éléments constituant le dossier académique dit administratif et du dossier pédagogique. En d’autres termes, le but de cette contribution est d’argumenter
en faveur de la révision des
modalités des concours hospitalo-universitaires et de procurer de la visibilité aux impacts pédagogiques majeurs sur la
qualité des enseignements,
la
formation médicale et les soins de santé.
Il est important d’attirer l’attention sur le
fait que les instruments
et les modes d’évaluation des candidats sont en discordance
avec la validité docimologique des grilles de notation et du barème de l’épreuve
pédagogique. De plus, ces outils mettent beaucoup
plus l’accent et l’emphase sur les dossiers administratifs de
soins de santé et des activités scientifiques
que sur le dossier pédagogique et les titres pédagogiques. Il
est
souhaitable que cette tendance
soit convertie en faveur du dossier et des titres pédagogiques en
regard
de leur
impact considérable sur
la
qualité des enseignements,
la formation médicale et
les soins de santé.
À cet effet, la première innovation de la conférence des
doyens consiste en l’instauration des
titres
pédagogiques qui reflètent les compétences et les habiletés dont devraient justifier les futurs candidats aux
concours hospitalo-universitaires comme les compétences pédagogiques pour
l’enseignement médical,
en communication orale et
écrite, en méthodologie de recherche scientifique et de lecture critique d’articles scientifiques.
Ces
titres s'acquièrent par des apprentissages en contexte de la formation continue, et répondent
principalement
à des objectifs de perfectionnement
professionnel et
de développement des habiletés et compétences nécessaires pour
compléter la fonction
hospitalo-universitaire.
Par ailleurs, il est
important de noter que certains jurys aux concours
hospitalo-universitaires
utilisent peu
les
critères et les outils docimologiques appropriés pour
évaluer les habiletés d'enseignement et
de communication orale, car la prestation
à l’épreuve
pédagogique est basée sur la transmission quantitative des connaissances et centrée sur la discipline
médicale. À cet effet,
la
deuxième innovation de
la conférence des doyens
est
la valorisation de
l’épreuve pédagogique par une pondération conséquente, car elle représente la matrice et le fondement
de ces concours. Les membres du jury accorderaient plus de chance au candidat de s'exprimer sur ses pratiques et stratégies pédagogiques d'enseignement et de
communication orale au lieu
de le
soumettre à des situations de désintéressement.
De plus, « l’épreuve
pédagogique » porte bien son nom pour désigner les pratiques d'enseignement et de communication orale, et mérite d’être évaluée par un outil docimologique valide. En d’autres termes, « L’épreuve pédagogique »
ne signifie nullement « épreuve
disciplinaire ou épreuve
médicale ». Aussi, faut-
il doter les membres du jury d’un barème validé et uniformisé d’évaluation centré plus sur les pratiques pédagogiques
d’enseignement et de communication orale que sur le contenu disciplinaire ou médical. Aussi, il est
nécessaire d’outiller les membres du jury de compétences pédagogiques et communicationnelles pour
pouvoir guider et
mener à terme
et dans la bonne
direction
l’épreuve
pédagogique avec chaque candidat.
La valorisation de l’épreuve
pédagogique est une résolution hautement salvatrice avec un impact incontestable sur l’amélioration de
la
pratique de l'acte d'enseigner en contexte des sciences de
la
santé. À cet effet, il est important de signaler que «
l’épreuve pédagogique et les titres pédagogiques sont les composantes les plus discriminants de tout le
concours hospitalo-universitaire ». La conférence des doyens devrait s'assurer de la promotion de la sensibilisation des futurs candidats à la dimension pédagogique de tout concours de recrutement hospitalo-universitaire comme critère d'admission,
de nomination et de titularisation.
Comme valeur ajoutée, il faudrait
d'emblée considérer les retombées de la sensibilisation et la
conscientisation des candidats aux titres et au dossier pédagogique du concours, car il est intéressant et fort probable que la majorité des candidats « tous grades confondus
» observent
des changements de leurs conceptions des apprentissages et des enseignements en sciences de la
santé.
De plus, il est
souhaitable que ces changements aillent de pair avec l’amélioration des pratiques
pédagogiques en milieu hospitalo-universitaire où la réalité de l’environnement
socioculturel motivera
certainement les candidats à la nécessité de compléter des apprentissages à
la pédagogie médicale en contexte
de la formation continue.
Aussi, les candidats aux concours
hospitalo-universitaires ont souvent
tendance à fournir des attestations de prestation d'enseignement auprès des apprenants du milieu médical ou paramédical. Ces attestations
représentent un volume horaire quantitatif, car ce dernier
ne nous renseigne ni
sur l'acquisition des
compétences pédagogiques ni sur la
qualité des habiletés à enseigner.
De plus, l’attestation de prestation d'enseignement
est sans valeur académique ni pédagogique. Il
serait d'une portée éthique d'exiger du professionnel
de la santé tous
« grades
confondus », qui désireraient
enseigner, une certification
en pédagogie médicale dans le cadre
de la formation continue pour s'assurer de
l'acquisition de ces compétences et habiletés d'enseignement en
contexte des sciences de
la
santé.
Pour donner plus de valeur éthique à ces concours, l’instauration
d’une lettre de motivation ainsi
qu’une entrevue avec chaque candidat constitueraient une étape fondamentale
pour promouvoir la sélection des
candidats potentiels ayant présenté des compétences et des habiletés conformes au statut d’un hospitalo-universitaire. En d’autres termes, il faut
donner la parole et la chance à chaque candidat d’exprimer ses intentions, ses engagements et ses motivations à occuper
un poste
de médecin enseignant chercheur hospitalo-universitaire ou de chefferie de service.
Pour
cette dernière, il est vivement recommandé à chaque professeur candidat de proposer un
véritable « projet de service » sous forme de document écrit et exposé devant le jury. Ce projet s’articulera autour de trois composantes : un projet
pédagogique pour l’amélioration de la formation médicale, un projet d’actions de recherche scientifique
et d’encadrement des thèses
et un projet d’amélioration de la qualité des soins de santé,
car
le dossier administratif est
peu fiable et peu discriminant pour évaluer au mieux
celui qui pourrait
occuper la fonction de chef de
service.
Finalement, il est nécessaire de revisiter les textes et les arrêtés interministériels régissant les concours de recrutement
des enseignants hospitalo-universitaires afin de s’adapter à l'évolution de la
réalité
professionnelle et pédagogique des sciences de
la
santé. Par
leur impact et effet discriminant, les principes de
l'épreuve pédagogique et les titres
pédagogiques dont la certification en pédagogie des sciences de la santé, devraient être soutenus et promus
comme outil de sensibilisation, de conscientisation, de sélection et
de promotion des professionnels de
la
santé.
Références
- Boelen C. Consensus mondial sur la
responsabilité sociale des facultés de médecine. Santé publique 2011 ; 23 : 247-50
- Arrêté n°1084 du 20 novembre 2017 portant
ouverture d’un concours sur épreuves en vue de l’accès au grade de maître
assistant hospitalo-universitaire.
- Arrêté interministériel du 1er
juin 2020, portant ouverture du concours. Annexe à
l'arrêté interministériel du 1er juin 2020, portant ouverture
du concours.